Méditation pour le jeudi de la 32ème semaine du temps ordinaire.

Ph 7-20 | Ps 145 (146) | Lc 17, 20-25

Un Royaume de fraternité.

Le texte de Luc proposé pour ce jour nous conduit à retrouver un thème qui déjà nous avait retenu dimanche dernier : le Règne ou Royaume. Il est l’objet de l’espérance des contemporains de Jésus qui sans doute ne savent pas comme se le représenter exactement tout en ayant peu ou prou leurs attentes propres. Celles-ci à leur tour dessinent les contours de la réalité espérée dans sa réalisation concrète. Aujourd’hui aussi les disciples du Christ ont leurs attentes et leurs représentations de ce que devrait être ce Royaume de Dieu sur terre. Il n’est même pas dit que toutes ces représentations fassent bon ménage entre elles voire soient compatibles entre elles…
Comme toujours le Seigneur ne se laisse pas piéger : aux pharisiens qui lui demandent « Quand viendra le Règne de Dieu », il répond que « la venue du Règne n’est pas observable ». Du moins ne l’est pas à quiconque n’est pas prêt à se laisser surprendre par un Règne dont par ailleurs Jésus lui-même dit que « il est au milieu de vous ». « Observable » non. Discernable, sans doute à qui laisse le Royaume façonner et éclairer son regard. Les propres proches de Jésus lui poseront aussi la question : « Est-ce maintenant que tu va restaurer la royauté en Israël » ? Mais pas davantage alors Jésus ne se laissera enfermer par des questionnements humains que précisément il est venu remettre en cause.
C’est justement l’ordre propre au Royaume que Paul laisse éclater dans les quelques versets de la lettre à Philémon que nous lisons aujourd’hui : il avait « emprunté » un esclave à un ami. « n’en ayant plus besoin » il le lui renvoie… Cette manière de parler (et d’agir) laisse comme un léger malaise… Paul ne devrait-il pas secouer l’ordre établi pour en contester l’ignominie et restaurer la justice et le bien ? C’est sans doute ce qu’il fait, à la manière dont s’instaure le Royaume : il avait « emprunté » un esclave à son propriétaire et il le lui renvoie en le priant de l’accueillir comme un frère, et même « un frère bien-aimé » avec lequel il est appelé à retrouver pour fonder avec lui une relation complètement renouvelée.
Ainsi agit la puissance à l’œuvre dans l’établissement du Royaume. Elle passe par le tissu de tous ceux et celles qui font de l’advenue du Royaume leur vraie priorité et s’y engagent non pas seulement d’intention ou de mots mais « en actes et en vérité ».