Les vendeurs chassés du temple est une scène célèbre des quatre évangiles. Nous la lisons aujourd’hui dans saint Luc 19, 45-48, mais on peut aller la lire dans saint Jean où elle est plus détaillée et dramatique (Jn 2, 13-16). On en retient souvent la colère de Jésus qui ne serait pas consumériste, mais comme les évangélistes il faut plutôt la rattacher à la destruction du Temple, dont « il ne restera pas pierre sur pierre », qui semble être la vraie préoccupation de Jésus dans cet épisode (voir Lc 19, 41-44). C’est aussi ce qu’il évoque dans sa rencontre avec la Samaritaine, « ce n’est ni sur cette montagne, ni à Jérusalem que vous adorerez le Père (Jn 4, 21-24). Pour Jésus le vrai temple est chacun d’entre nous : « l’heure vient et elle est là, où ses adorateur adoreront le Père en Esprit et vérité ». Le vrai temple n’est pas de pierre, il le confirme à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église (Mt 16, 13-23) » et de cette église c’est lui-même la Pierre angulaire (1 Pierre 2.4-10). Bien entendu cela nous évoque la fermeture actuelle de nos églises qui dans ces citations mises bout à bout vont nous apparaître comme accessoires. Et elles le sont d’une certaine manière, nos vie changent, varient et évoluent bien plus qu’un monument superbe qui traverse les siècles, en nous et autour de nous tout change, nous quitte ou se transforme, surmontant ou non l’épreuve de la perte ou rencontrant la joie de la nouveauté et de la création. Dans la nef d’une belle église toute la dimension symbolique de notre foi se révèle, se synthétise, et se chante, au cœur de notre vie au milieu de nos frères toute la dimension concrète de notre foi s’offre, se partage et s’illumine.