28 mai 2021 Editoriaux hebdomadaires3 Minutes

Toute une histoire… comme les rencontres que l’on perd et que l’on retrouve, un jour, beaucoup plus tard. Enfant, je parcourais cette église, si grande, avec ma grand’mère. Je la trouvais sombre – elle l’était – elle me paraissait semblable à une antre où je me demandais bien ce qu’on pouvait y trouver. Et puis, plusieurs décennies plus tard, ma vie s’est installée là, aux Halles, je l’ai retrouvée et j’y suis toujours, non plus par contrainte mais par choix.

Les prêtres que j’y ai rencontrés, les homélies écoutées avec bonheur, cette ouverture d’esprit qui m’a séduite, tout cela a ancré mon attachement à Saint Eustache en premier.

En l’adoptant, j’en ai apprécié la beauté, la grandeur, l’élévation et cette lumière dont elle est enveloppée tout entière maintenant.

Mais il y a aussi, et c’est très important pour moi, les murmures enfouis dans ces pierres au cours des siècles. Tant de gens sont passés là, pour dire leur peine, leur désespoir, pour partager avec le Seigneur une grande joie et le remercier.

Ces pierres résonnent toujours du canon de la Révolution, des cris des « dames de la Halle ». Elles sont témoins de la cloche des Halles qui sonnait à 6h du matin et qui ouvrait l’entrée aux plus pauvres pour ramasser ce qui ne serait pas vendu, témoins des disputes, des rires et des rengaines chantées tout près.

Maintenant encore, on entend le monde du dehors, sous la terre le métro, sur le pavé les claquettes, les « musiciens » plus ou moins talentueux, nos « troubadours »… Ce n’est rien de dire que tout cela me tient à cœur.

Enfin la musique… non pas celle du dehors mais celle du dedans, celle que l’on écoute dans l’église et qui pénètre jusque dans nos cœurs. L’orgue , magistral, puissant, sauvage et serein tout à la fois, les chants sublimes qui nous poussent sur le chemin de la méditation, où plus rien n’existe d’autre que le silence en nous.

Pour finir, Saint Eustache, c’est aussi pour moi, toutes ces femmes, ces hommes que nous recevons et qui nous donnent la vraie mesure de ce que cette église représente.

MARTINE DE GROOTE