Là où est la haine mettons l’amour.

Là où est la haine mettons l’amour.

« Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix, là où est la haine, que je mette l’amour ! » Cette prière de saint François nous est familière. Elle nous donne peut-être un peu trop vite le beau rôle d’enfant de Dieu confiant. Je crois qu’aujourd’hui pour beaucoup, prier pour la paix suppose un préalable : crier pour la paix, se révolter ! D’ailleurs François lui-même était révolté. On nous dit qu’il y a moins de guerres à notre époque que dans les âges passés, mais voilà, les guerres d’aujourd’hui, nous en sommes informés, nous en avons les images au jour le jour, nous en avons même le son et nous partageons la terreur de ceux qui entendent le bruit des armes autour d’eux. Chaque jour ou presque un nouveau conflit explose quelque part avec son lot de populations terrorisées jetées dans la misère, les derniers au Liban, au Chili, qui s’ajoutent aux précédents qui ne cessent pas pour autant, alimentés par les haines nationalistes, culturelles ou religieuses que les puissances financières attisent à leur profit. Est-ce que tout cela est une fatalité ? Beaucoup le pensent et nous invitent à le croire. Cependant être surinformés nous rend petit à petit plus lucides et nous reconnaissons à travers le monde, d’Amérique en Afrique, d’Asie au Proche Orient, les mêmes causes profondes des guerres, qu’il s’agisse d’accumulation de pouvoir et de gloire par des individus aux egos surdimensionnés ou des castes arrogantes, de conquête de territoires auparavant libres au détriment des populations autochtones, de misère imposée au plus pauvres pour le bien-être d’une élite riche de plus en plus restreinte dont on dirait que la jouissance malsaine est de rendre les gens encore plus malheureux… Pour ne retenir que les principales causes en face desquelles nous nous sentons impuissants. Mais dans le harcèlement de l’information, dans le danger ressenti même s’il est pour nous éloigné, dans la peur que notre monde s’épuise en conflits vains et dévastateurs, apparait la revendication de justice, sans laquelle aucune fraternité n’est possible. Et l’envie d’en revenir à François qui nous rappelle que la paix commence au cœur de chacun : « Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix ». Un instrument qui n’est pas naïf et qui sait qu’il faut agir, mais qui sait aussi qu’aucune action n’a de chance de réussir sans l’espérance et la foi que la joie, la fraternité et l’amour sont des armes absolues. Là où est la haine mettons l’amour.

Jacques Mérienne, prêtre du diocèse de Paris.



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