15 février 2019 Editoriaux hebdomadaires2 Minutes

Ecouter… c’est n’avoir plus rien à dire, parce que tout est à entendre, non pas dans un fond sonore où la pensée se disperse mais dans une unité du corps et de l’esprit : être là tout entier pour une parole, pour une musique, pour un chant d’oiseau ou pour le bruit du vent.
La poésie… c’est une parole particulière, qui mérite et qui inclue le silence. Elle est proche cette parole, elle nous dit quelque chose de nous-même, elle nous apprend ce que nous avions oublié ou négligé. Elle est partout, à notre portée, dans une chanson, dans un poème, dans une prière. Elle est même dans nos promenades, au Palais Royal où se trouvent des « bancs-poèmes ».
Aux temps anciens, on écoutait le poète antique avec attention, car il était considéré comme celui qui sait, qui parle avec les Dieux et qui transmet à tout homme le dialogue divin.
Bientôt à Saint-Eustache, seront proposés des moments d’écoute, des moments de paroles qui disent l’homme, la terre et l’univers : pour être ensemble à partager une découverte dans une sorte d’abandon mais aussi d’attention suprême. Ces moments pourraient ressembler à la rencontre d’Elie avec le Seigneur dans le souffle d’une « brise légère ».
La poésie, loin d’être réservée à quelques-uns, s’inscrit dans l’histoire de l’homme et y demeure tant qu’il y aura des hommes.
Je voudrais terminer par des vers de Fernando Pessoa qui disent tout le destin de la poésie:

« De la plus haute fenêtre de ma maison
avec un mouchoir blanc je dis adieu
à mes vers qui partent vers l’humanité.

Et je ne suis ni joyeux ni triste
tel est le destin des vers.
Je les ai écrits et je dois les montrer à tous
parce que je n’en puis user différemment,
tout comme la fleur ne peut dissimuler sa couleur,
ni le fleuve dissimuler qu’il coule,
ni l’arbre dissimuler qu’il fructifie. »

Au fond, écouter le poète, c’est une histoire d’amour.

Martine de Groote, paroissienne.