Portes, levez vos frontons, levez-les, portes éternelles : qu’il entre, le roi de gloire !

Qui est ce roi de gloire ? C’est le Seigneur, Dieu de l’univers ; c’est lui, le roi de gloire

Ps 23, 7-10

Voilà que nous entrons dans la Semaine de la Passion, celle de la souffrance du Christ mais aussi celle de l’Amour passionné de Dieu pour nous, Passion de l’Amour. Ouvrons nos cœurs, pour qu’il entre, le Roi de Gloire !

Agitons nos rameaux ! Bois de la vie, bois de la mort, bois du Salut. Le bois sur lequel ont poussé nos buis ou nos palmes agités en ce jour ; le bois des tables des changeurs du temple qui ont été renversées ; le bois de la table qui servit pour la Cène ; le bois du cep de vigne qui a fourni les grappes de raisin pour le Saint Repas ; le bois des Oliviers au Jardin des ténèbres ; le bois qui a meurtri les épaules du condamné à mort, puis celle de Simon de Cyrène qui vient le soulager ; le bois des marteaux qui enfoncent les clous ; le bois de la croix où l’on cloue Jésus ; le bois de la croix du premier sauvé : Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis ; le bois de la croix de l’autre condamné, de celui qui nargue et insulte, mais que Jésus sauve quand même ; le bois de la croix d’où Jésus pardonne, le bois de la croix d’où Jésus se confie au Père, le bois de la croix où Jésus expire. « Agitons nos rameaux ! »

Sur ce bois, ton amour, Seigneur, se révèle dans sa totalité, il s’affirme, s’explique, se déploie, se confirme. Se comprend ! Ton Amour se livre à tous et à chacun. Là, je découvre enfin ma vérité, et m’y abandonne, car j’y suis accueilli et aimé tel que je suis. Je ne suis jamais en pleine vérité que devant la Croix. « Agitons nos rameaux ! »

Et si je me repose contre ta croix, Seigneur, je ne t’y retrouve pas seul, mais tous ceux que tu aimes sont là, c’est-à-dire tous les humains, sans exception ; sur ce bois, en ton cœur, Seigneur, tu portais tous les hommes et femmes de tous les temps, quels qu’ils soient, pour lesquels tu t’y es étendu, et laissé anéantir. « Agitons nos rameaux ! »

Jésus, tu as proclamé : « Je n’ai pas de lieu où reposer ma tête ! » En conséquence, libre de toute attache, en mourant sur cette croix tu as reposé ta tête douloureuse sur chacun de nos cœurs. « Agitons nos rameaux ! »

Et puis, avec la Mater Dolorosa, tu as abandonné ta dépouille en chacune de nos étreintes, non pas pour nous jeter dans le désespoir quand nous te découvrons ainsi, mais au contraire, pour susciter notre Espérance à l’aune de notre Foi et de notre Amour. Promesse de Résurrection abandonnée entre nos mains au pied de la Croix ! « Agitons nos rameaux ! »

Nul n’est exclu du Salut ! « Agitons nos rameaux ! »

L’heure du Shabbat approche, l’heure où tout repose. À la frange du Grand Repos, deux hommes sont suspendus au bois : l’un au bois de la croix, l’autre au bois du sycomore. Par un contraste saisissant, les deux hommes ont œuvré l’un et l’autre au Salut de l’humanité : il fallait qu’il y eût un épaississement soudain des ténèbres dans le cœur de Judas, l’amenant à commettre son acte odieux de traîtrise, pour que, par la mort de Celui qu’il a trahi, la Lumière de Dieu puisse surgir pour illuminer tous les hommes. Depuis, dans son coin de paradis, Judas s’extasie devant l’amour miséricordieux de Dieu.

« Agitons nos rameaux ! » .

 

Jean-Marie Martin, oratorien à Paris