« Mais lui parlait du sanctuaire de son corps. » Jean 2, 21. Ce dimanche nous donne de célébrer la fête de la basilique du Latran, « mère et tête de toutes les églises », signe d’unité avec le Souverain Pontife et ainsi entre toutes les églises du monde dans leur diversité. L’évangile nous invite cependant à ne pas regarder des pierres, du marbre ou la richesse des décorations, aussi belles soient-elles à Saint-Jean de Latran, à Saint-Eustache ou dans le Temple de Jérusalem, mais les pierres vivantes qui les remplissent, les chrétiens, et Celui qui les rassemble, le Christ. Nous ne sommes pas idolâtres de ces bâtiments qui seront un jour ou l’autre détruits. Nous discernons, à travers ces signes que sont nos églises, une réalité plus tangible : le corps du Christ. Ces temples ne sont là que pour accueillir et servir d’autres temples : les temples de l’Esprit que sont nos corps par la grâce du baptême.
Le Christ ne se met pas « en colère » comme on l’écrit souvent. Une colère ne réfléchit pas. Il renverse les tables des changeurs pour obliger ceux-ci à se mettre à genoux devant leur argent dans le lieu où l’on ne se devrait se mettre à genoux que devant Dieu. Il chasse hommes et bêtes mais demande qu’on enlève les cages des oiseaux et il ne les renverse pas, sinon les oiseaux seraient perdus pour leurs propriétaires, ce qui serait une injustice. Rien d’irraisonné ou de violent dans ce geste du Christ : un signe prophétique est posé et les témoins ne s’y trompent pas : « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? » « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Ils le détruiront, ce temple, en crucifiant le Christ. Et il le relèvera, en ressuscitant. J’aime à penser que si demain on détruisait toutes les églises, sanctuaires, cathédrales ou basiliques de la terre, la foi chrétienne ne serait pas détruite. Parce que pour nous, depuis l’Incarnation, la présence de Dieu n’est plus limitée en un lieu. Elle est là où est le Corps : corps eucharistique, corps ecclésial, corps de chaque chrétien qui est temple de l’Esprit et corps du pauvre, image du Christ.
Rendons grâce pour ces signes que sont nos églises, mais regardons plutôt Celui qu’elles nous indiquent.
Père Pierre Vivarès, curé de Saint-Eustache
