13 janvier 2023 Editoriaux hebdomadaires5 Minutes

Excuse me ! 100 fois par jour.  Cette courte injonction sortait de la bouche de « Sir » George Nicholson, oratorien et curé de Saint-Eustache de 2009 à 2018, le tout en courant !

Nous avions fait connaissance pendant l’été 2003. L’été de la première canicule. Il aidait, très discrètement, le père Blasselle à assurer la fonction d’administrateur de la paroisse en attendant l’arrivée de Luc Forestier en septembre 2003 comme nouveau curé.

Anglican, anglais d’origine irlandaise par sa mère et de nom écossais, il se convertit au catholicisme à sa majorité. Il fréquente le collège de Malborough puis il devient avocat fiscaliste quelques années plus tard. Il arrive ensuite en France et il travaille pour le cabinet Francis Lefevre. Puis, à 54 ans il devient prêtre de l’Oratoire de France après avoir été ordonné vicaire à la chapelle de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière où il s’éteindra en décembre 2021. Après un passage comme vicaire à Saint-Eustache et une charge de curé à Strasbourg, il devient curé de Saint-Eustache le 1er septembre 2009.

Dans un entretien du Forum Saint-Eustache daté de l’été 2008 (numéro 49) et mené par Thomas Jouteux, George raconte : « Saint-Eustache est un lieu qui m’a beaucoup étonné, où la vie est loin d’être monotone ».

Eh oui, George, tu nous as étonnés également. Responsable de l’accueil des concerts, je lui parle d’une collaboration avec Madamelune, productrice de concerts, et Patti Smith, icône pop des années 1970, et toujours très active musicalement, pour un concert à Saint-Eustache. « What ? Who is she? » Bref, George me demande de la rencontrer. « But George she lives in New-York. Mais George elle habite à New-York ».  « That is your problem ! C’est ton problème ! » Bref, par un miracle musical, Patti Smith et George Nicholson se rencontrent à Saint-Eustache et disparaissent pour une tasse de thé ! À leur retour, George me glisse à l’oreille « C’est une femme admirable, go ».

Le destin du Festival des 36 heures, sous sa férule de curé, a connu des discussions enflammées avec le régisseur et toute l’équipe du Phar (à l’époque co-programmateur du festival) jusqu’au jour où les dates du Festival des 36 heures, les 20 et 21 juin, tombèrent un week-end.

Un véritable raz de marée de jeunes se manifesta aux portes de l’église. Inévitablement, une file d’attente se créa jusqu’à la fontaine des Innocents. Voyant cela, George arpenta, pendant de nombreuses heures, la file d’attente pour rassurer tout le monde, leur glisser un mot et les encourager à tenir bon. George ce jour-là fut convaincu du bien-fondé du festival et prêta une oreille attentive à cette musique-là ! God save the 36-hours-Festival.

Dans la même veine, il y a son accueil de la Nuit Blanche où, posté à l’entrée de l’église, George accueillait les visiteurs en leur serrant la main et en leur souhaitant la bienvenue. Après plusieurs milliers de personnes croisées, George partit se coucher avec une tendinite ! La vidéo est dans le bureau du régisseur pour ceux qui douteraient de la véracité de l’anecdote !

Enfin, George, dans son foisonnement d’activités à Saint-Eustache, porta une attention particulière aux plus fragiles d’entre nous. Un mot, une attitude, un geste et bien plus, en toute discrétion, montraient son humanité profonde. Puis, quand il regagnait son bureau en fin d’après-midi, il me disait souvent :

« TEATIME please, c’est l’heure du thé, s’il te plaît … avec une tasse…of course ! My pleasure, “Sir” avec plaisir Monsieur ! » George souriait de ce pittoresque régisseur en dégustant son Earl Grey derrière ses lunettes qui masquaient ses yeux verts !

Voilà George, cela fait un an que tu nous as quittés, nous ne t’oublions pas.

 

Louis Robiche, régisseur de Saint-Eustache, au service de “Sir” George Nicholson de 2009  à 2018 !