19 février 2024 Editoriaux hebdomadaires3 Minutes

Dans Laudato Si’ (LS), le pape François nous appelle à l’action en faveur de la création fondée sur une conversion de cœur et un regard lucide sur la situation environnementale. Notre réconciliation avec Dieu, le prochain, et nous-mêmes est indissociable de la réconciliation avec le terre et la création. Dire “création”, c’est signifier plus que “nature”, parce qu’il y a un projet d’amour de Dieu”(LS §76)
Nous oublions que nous-mêmes sommes poussière, notre propre corps est constitué d’éléments de la planète” (LS §2).

Dans LS et Laudate Deum (LD), il nous exhorte à protéger la création en résolvant d’urgence la crise climatique pour stabiliser les températures. Cela suppose de construire et d’amplifier l’indispensable soutien aux mesures publiques nécessaires à l’adaptation de nos empreintes et de rester lucides sur l’ampleur du défi et de nos marges de manœuvres. Or, explique-t-il dans LD, nous les relativisons : “Nous avons beau essayer de les nier, de les cacher, de les dissimuler, de les relativiser, les signes du changement climatique sont là, toujours plus évidents.”

Comment procédons-nous pour relativiser ? A l’occasion du Carême, comment développer notre vigilance ?
Nous relativisons essentiellement depuis 2007 ; tous les pays et organisations internationales adhérent alors au contenu du 4e rapport du GIEC ; avant  et depuis 1988 environ, le climatoscepticisme première manière, apparu aux USA, avait consisté à nier ou dissimuler le consensus scientifique. Cela apparait pratiquement intenable après 2007 ; le climatoscepticisme (ou dénialisme) devient alors protéiforme et insidieux : le déni porte désormais sur la gravité du réchauffement et l’ampleur de nos marges de manœuvre. Ce sont, entre autres, les “12 discours de l’inaction” cartographiés par un universitaire de Cambridge et qui sont des alibis pour ne pas agir aujourd’hui. Par exemple, “les Chinois doivent d’abord réduire leurs émissions” ou “attendons qu’ il y ait de nouvelles technologies”…

Parmi d’autres procédés, il y a  l’emploi de termes rassurants (“atténuation”, “transition”, “normales saisonnières”…) ou l’attribution à des groupes particuliers de ce que dit le consensus scientifique (“les écologistes veulent”…) : tous relativisent et relèvent d’une sorte de rêve éveillé.

Pour avancer et agir, on pourra consulter Laudate Deum § 6 à 14, des sites comme “le guide critique des arguments et intox climatosceptiques” ou “Bonpote” (tous démontent des éléments de langage dénialistes) ou participer aux ateliers du groupe Conversion écologique.

Le groupe Conversion écologique