L’horloge tourne à un rythme infernal. Plus on vieillit et plus le temps semble nous happer, nous aspirer vers une mort à laquelle la plupart du temps, et la plupart d’entre nous ne veulent pas penser, ne peuvent pas penser, trop occupés que nous sommes à bâtir nos petits empires. Mais … tic, tac, tic, tac… l’horloge tourne à un rythme implacable et notre vie va bientôt se terminer. Qu’en restera-t-il ? Il est sans aucun doute très orgueilleux de se poser la question de savoir ce que l’on va laisser sur cette terre.

Une autre question plus intéressante, me semble-t-il, et qui peut nous remettre sur le chemin de ce que Dieu attend de nous, si nous nous en étions égarés, est de savoir ce que nous ferions si nous connaissions le nombre de jours ou de mois qu’il nous reste à vivre…

Côtoyer des personnes en fin de vie permet de tirer quelques enseignements. Qu’y a-t-il de plus important aujourd’hui à faire, avant de quitter ce monde ?

La première chose est sans aucun doute de tenter de faire la paix. Avec son entourage, avec soi-même, et avec Dieu. La paix… ce don ultime que le Seigneur nous a donné avant de nous quitter, cette paix qui est toujours en lien étroit avec le pardon. La deuxième chose est donc, me semble-t-il, notre capacité à mettre en œuvre le pardon dans notre vie qui s’achève, savoir demander pardon, savoir accepter le pardon d’autrui, et celui de Dieu même. Ce n’est pas une chose aussi aisée qu’il y paraît. Mais pardonner, ce n’est pas oublier.

Pardonner c’est « passer par-dessus » les outrages qui nous ont été faits, que nous avons commis, afin de continuer à vivre dans la paix ; c’est se désencombrer du mal qui nous entrave le cœur et qui nous ronge les entrailles. Alors oui, il y a parfois des pardons que l’on ne peut pas, nous-mêmes, accorder. Le Seigneur Jésus lui-même, sur la croix, parlant de ses bourreaux ne dit pas : « Je vous pardonne ». Il remet sa souffrance, et la question du pardon, dans les mains du Père qui lui seul peut pardonner et Il lui demande : « Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Oui, il y a des offenses, des souffrances qu’il ne nous appartient pas de pardonner. C’est libérateur de se le dire, et d’en vivre en remettant tout dans les mains du Père.

Après la paix, le pardon, que me reste-t-il à faire, à vivre avant de mourir ? Aimer.

Aimer. Avec mes forces physiques et psychiques affaiblies, diminuées. Mais aimer vraiment. Dans les petits gestes, les sourires.  Aimer avec ce qui me reste de ce souffle que j’ai reçu à mon baptême, avant de le rendre, ce dernier souffle, au Père, dans l’Espérance d’être reçu par Lui, tel (telle) que je suis, en enfant aimé, chéri, pardonné et tellement attendu.

 

Patrice Cavelier, diacre de Paris.