Méditation du père Jacques Mérienne, 14 décembre 2020

Méditation du père Jacques Mérienne, 14 décembre 2020

« Par quelle autorité fais-tu cela, et qui t’a donné cette autorité ? (MT 21, 23-27, texte du jour) », demande-t-on à Jésus qui se permet de parler aux fidèles du temple. Les Grands Prêtres et les Anciens ont déjà posé cette question à Jean-Baptiste, qui leur a répondu qu’il avait reçu une autorité de prophète qui transmet au peuple les Paroles de Dieu, pour lui réduites à « un cri dans le désert (Jn 1, 23) », mais même un cri dérange les puissants. Cela n’a pas beaucoup changé. Ils sentent leur autorité mise à mal par Jésus que le peuple écoute avec attention, ils ne veulent pas perdre leur pouvoir, car pour eux c’est le pouvoir et l’autorité qui déterminent ce que l’on doit penser, croire et exprimer. Cela n’a pas beaucoup changé… Est-ce vraiment cela la base de note foi ? Le cléricalisme dans notre église est souvent dans le fil de cette autoprotection des élites, même si c’est à une échelle moindre que dans d’autres religions dont les chefs n’hésitent pas à recourir à la violence meurtrière pour maintenir leur domination. D’ailleurs notre église a connu cela au court des siècles, ne l’oublions pas. C’est vrai des religions mais aussi des « anti-religions » : « Sécularisme et  fondamentalisme sont les frères ennemis de notre époque. Ils se battent pour la domination du monde. Ils ont beaux avoir l’air d’être aux antipodes l’un de l’autre, se nier et réciproquement, ils sortent tous les deux du même ventre.

 

Une compréhension réductionniste de la réalité, toujours présente dans le fondamentalisme et souvent dans le laïcisme, est leur lot commun » dit Timothy Radcliffe dans « Choisis la vie ! ». Jésus est loin de ces problématiques, « Je ne vous dis pas par quelle autorité je fais cela ! ». Les paroles qu’il prononce sont celles de son Père, il ne revendique aucun pouvoir autre que celui auquel il obéit lui-même, celui de son Père. Et pourtant on l’écoute, on se rassemble pour l’écouter, et même on l’acclame, il faudra le tuer pour le faire taire… Mais la force de son discours n’est pas un pouvoir, sa parole est beaucoup plus forte, elle vient de l’amour. L’entendre n’oblige pas a adopter telle ou telle idéologie ou vérité dictée, cela donne simplement envie de le suivre. Sa parole est une parole proche de ceux à qui il s’adresse, et une parole qui naît de l’amour fait grandir et elle libère, et donc elle rassemble au point d’inquiéter les chefs. Alors par quelle autorité fais-tu cela ? Par amour.

 

Illustration du père Jacques Mérienne



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