Évangile du jeudi 6 février 2020

En ce temps-là, Jésus appela à lui les Douze et il se mit à les envoyer en mission deux à deux, en leur donnant pouvoir sur les esprits impurs. Et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route qu’un bâton seulement, ni pain, ni besace, ni menue monnaie pour la ceinture, mais : « Allez chaussés de sandales et ne mettez pas deux tuniques. » Et il leur disait : « Où que vous entriez dans une maison, demeurez-y jusqu’à ce que vous partiez de là. Et si un endroit ne vous accueille pas et qu’on ne vous écoute pas, sortez de là et secouez la poussière qui est sous vos pieds, en témoignage contre eux. » Étant partis, ils prêchèrent qu’on se repentît ; et ils chassaient beaucoup de démons et faisaient des onctions d’huile à de nombreux infirmes et les guérissaient.

Marc 6, 7-13

Méditation

Depuis 2000 ans les choses n’ont pas tellement changé et le mot d’ordre est à peu près toujours le même : viens et va. L’évangile est parsemé d’appels et d’envois en mission. Et quelle que soit l’époque où elles sont vécues, les recommandations de Jésus paraissent toujours aussi exigeantes et difficiles à mettre en œuvre.
D’autant plus que l’autorité reçue de lui peut facilement se confondre avec des formes plus ou moins subtiles de l’autoritarisme. Il n’est pas si simple de se faire « Grec avec les Grecs, Juif avec les Juifs », comme disait saint Paul, qui s’y connaissait, ni d’ailleurs de rester en communion avec l’autorité…

L’histoire de l’Eglise ne manque pas d’épisodes missionnaires magnifiques mais aussi parfois très douloureux ; comme celui des Prêtres Ouvriers (les P.O.) dont mon ami et frère oratorien Robert Dumont vient de nous proposer une imposante étude dans son livre sur leur « condamnation » en 1953-1954. (Editions Karthala)

La France, appelée autrefois « fille aînée de l’Eglise », est bien, aujourd’hui encore, « Pays de mission », dont l’évangélisation, toujours nouvelle, est confiée à chacun des disciples de Jésus, en même temps qu’à l’Eglise tout entière. Il s’agit, toujours et partout, d’abord d’être reconnu comme frère en humanité, pour tenter ensuite de faire découvrir la présence mystérieuse et vivante du Christ, source de libération et de vie nouvelle.

Quant aux pouvoirs donnés et reçus, ce sont toujours ceux de la foi, de l’espérance et de la charité. Mais la tête, les mains et les pieds seront encore, avec le cœur, le meilleur équipement du missionnaire pour vivre en communion avec les frères humains.

Paul Carpentier, prêtre de l’Oratoire à Paris.

Visuel : © Denis Chautard, prêtre de la Mission de France