Évangile du mercredi 4 décembre 2019

Étant parti de là, Jésus vint au bord de la mer de Galilée. Il gravit la montagne, et là il s’assit. Et des foules nombreuses s’approchèrent de lui.
Jésus, cependant, appela à lui ses disciples et leur dit : « J’ai pitié de la foule, car voilà déjà trois jours qu’ils restent auprès de moi et ils n’ont pas de quoi manger. Les renvoyer à jeun, je ne le veux pas : ils pourraient défaillir en route. » Les disciples lui disent : « Où prendrons-nous, dans un désert, assez de pains pour rassasier une telle foule ? » Jésus leur dit : « Combien de pains avez-vous ? » – « Sept, dirent-ils, et quelques petits poissons. » Alors il ordonna à la foule de s’étendre à terre ; puis il prit les sept pains et les poissons, rendit grâces, les rompit et il les donnait à ses disciples, qui les donnaient à la foule. Tous mangèrent et furent rassasiés.

Matthieu 15, 29-30. 32-37

 

Méditation

Ce pique-nique nous interpelle une nouvelle fois. Évitons d’en rechercher la réalité historique pour n’en chercher que le sens, certainement unique, mais le mien en cet instant.

Une seule parole m’intéresse chez Jésus qui, après avoir manifesté sa compassion pour la foule, « prit les pains, les donna à ses disciples, et les disciples aux foules » ; comme s’il leur confiait, et donc à nous devenus disciples par le baptême, de partager ce pain… Un pain qui, en référence à l’Ancien Testament, n’est autre que la Parole de Dieu, donc sa Parole. « L’Homme ne se nourrit pas seulement de pain, mais de tout ce qui sort de bouche de Dieu. »

Jésus ne distribue pas le pain, il donne à ses disciples la mission de le donner. C’est donc à ce monde orphelin de repères, de sens, que nous, croyants, devons porter ce Pain/Parole. Encore faut-il que nous ne perdions pas la saveur du sel dont nous sommes porteurs, ni n’éteignions la lumière de notre Foi. Que notre témoignage, comme le dit François, ne soit pas prosélytisme irrespectueux de la liberté d’autrui, mais que notre Foi transpire de nos actes au quotidien, de nos rencontres. Méfions-nous de nos paroles trop vite prononcées. Parler vrai n’est pas dire ce que l’on pense, mais penser ce que l’on dit. Et le confirmer par nos actes sous peine de cette hypocrisie qui menace tout chrétien, à commencer par nos beaux discours cléricaux. À un journaliste lui demandant comment l’on pouvait être chrétien et patron, Francis M., ce grand patron du CAC 40 répondit : « Mauvaise question, mais comment puis-je être patron chrétiennement ? » Et cet adjudant-chef parfaitement incroyant me disant : « Padre, quelle chance d’avoir un colonel chrétien ! » Donnons-leur nous-mêmes à manger. Nourris de sa Parole, habités par sa présence eucharistique, témoignons par nos vies, nos actes, de Celui qui est Voie, Vérité et Vie. Heureux celui qui saura lire la Foi qui nous habite et se posera la question le menant peut-être à… !

Michel Dupuy, prêtre de l’Oratoire à la Valfine, Jura

* Visuel : Bénévoles de La Soupe Saint-Eustache