Première lecture du mardi 27 décembre 2022 (PEMIÈRE ÉPÎTRE DE SAINT JEAN, I, 1 à 4)

Bien-aimés,
ce qui était depuis le commencement,
ce que nous avons entendu,
ce que nous avons vu de nos yeux,
ce que nous avons contemplé
et que nos mains ont touché
du Verbe de vie,
nous vous l’annonçons.
Oui, la vie s’est manifestée,
nous l’avons vue,
et nous rendons témoignage :
nous vous annonçons
la vie éternelle qui était auprès du Père
et qui s’est manifestée à nous.
Ce que nous avons vu et entendu,
nous vous l’annonçons à vous aussi,
pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous.
Or nous sommes, nous aussi, en communion avec le Père
et avec son Fils, Jésus Christ.
Et nous écrivons cela,
afin que notre joie soit parfaite.

– Parole du Seigneur

 

Méditation : « Le commencement de toutes choses »

C’est dans l’Évangile de Jean, en tout cas dans la tradition johannique, qu’on trouve d’abord, ou qu’on retrouve,
cette idée du commencement (archè en grec), et ici de même : « C’est depuis le commencement… » (ap’archès).
En effet, début bien connu de l’Évangile de Jean : « Au commencement était le Verbe » (logos en grec), qui
commence, lui aussi… par le commencement, le commencement de toutes choses.
Mais qui n’est aussitôt frappé par ce que j’appellerais le second thème de cette épître : « Celui qui était, nous
l’avons entendu (donc d’abord la Parole), et nous l’avons vu (la rencontre), nous l’avons contemplé (sublime,
crucifié, triomphant) et nous l’avons touché (de son vivant, ou après sa mort, comme saint Thomas qui demande
à toucher le corps du Christ, pour bien vérifier la marque des clous et le trou du côté) (Jean, XX, 24, et seq.).
Alors le témoignage est désormais entier, intégral, sans reste, sans enquête, ni procès, ni détour.
D’où, le troisième thème : donc nous l’annonçons. Cela ne va donc pas seulement être une information : oui,
nous avons connu Jésus et c’est un événement. Oui, mais nous annonçons aussi que la communion avec lui est
possible, par nous qui sommes sûrs de ce que nous annonçons.
N’oublions pas que ce même Jean, dans son Évangile, énonce : « Nul n’a jamais vu Dieu » (Jean, I, 18). Mais le
témoignage, si j’ose dire, en tient lieu, ou plutôt se substitue à quelque recherche de voir Dieu qui pouvait hanter
les Juifs (Moïse L’avait vu, en tout cas, Dieu s’était « montré » à lui), ou tout homme désirant rencontrer dans sa
vie un dieu ou des dieux.

En un sens unique, tout est ici accompli : oui, nous avons touché le Verbe de Vie (tou logou tès zoès). Verbe et
vie, insistons-y, ici réunis, identifiés. C’était bien lui. Remarquez l’imparfait : « La vie éternelle qui était (èn)
auprès du Père. »

Oui, le lien, dans cette épître, est fait entre ce qui était au début de tout et que personne n’a jamais vu, et ce qui
s’est manifesté : l’incarnation du Fils de Celui que nous nommerons désormais le Père. Et de le nommer : Jésus-
Christ, car il a « un nom qui est au-dessus de tout nom », comme le dit l’Epître aux Philippiens. [Phil. II, 9]

On ne peut dès lors que reconnaître l’originalité, l’unicité d’un tel témoignage : non pas qu’automatiquement on
arrive à y croire, mais simplement que, si on se demande si de tels événements, si un tel événement, sont
crédibles, s’il y en avait eu un ou des témoins, eh bien ! Oui, on en pouvait trouver le témoignage, et qu’il y avait
même une ou des églises pour le redire !

François Regnault, paroissien de Saint-Eustache