Evangile du lundi 26 juin 2023 (Mt 7, 1-5)

 

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Ne jugez pas,
pour ne pas être jugés ;
de la manière dont vous jugez,
vous serez jugés ;
de la mesure dont vous mesurez,
on vous mesurera.
Quoi ! tu regardes la paille dans l’œil de ton frère ;
et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ?
Ou encore : Comment vas-tu dire à ton frère :
“Laisse-moi enlever la paille de ton œil”,
alors qu’il y a une poutre dans ton œil à toi ?
Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ;
alors tu verras clair
pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. »

Méditation : « Qui suis-je pour juger ? »

 

La parole de Jésus vient-elle nous commander de nous abstenir de tout jugement, de ne rien dire à l’autre quand on pense qu’il y a un problème ? Jésus nous invite-t-il au silence, juste pour ne rien risquer ? Et quand le Pape François répond « Qui suis-je pour juger ? », au journaliste qui l’interrogeait dans l’avion (Rio 2013) sur ce qu’il pensait d’un prélat dit homosexuel, bottait-t-il en touche pour ne rien dire ?

Matthieu nous invite d’abord à ne pas être hypocrites ! Certainement mesurer nos propres erreurs, faiblesses, défauts, péchés avant de voir tout cela chez l’autre. Prendre conscience de la poutre qui nous habite, de la charpente intérieure que nous nous sommes construite, faite des poutres de notre savoir, de notre pouvoir, de nos certitudes, de notre prétention à connaître le vrai, de savoir qui est vraiment l’autre.

Du coup, comme nous y invite François, le plus important n’est pas de juger mais d’accompagner les personnes, toujours de cheminer avec elles. L’Église doit accompagner les personnes, telles qu’elles sont. « Dans la vie de tous les jours, Dieu accompagne les personnes et nous devons les accompagner à partir de leur condition » Accompagner les personnes, et non pas les juger…

Mais alors, dans notre monde -qui va si mal- dans notre Église défigurée par tant de maux, dans nos vies personnelles, familiales pas toujours très limpides, a-t-on quand même le droit de se faire des reproches ? Le commandement de la vie fraternelle ne passe-t-il pas par là : la vérité entre soi ? C’est en tout cas ce que nous dit le Lévitique 19/17-18 : « Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur. Tu oseras lui faire des reproches, afin de ne pas te charger d’une faute à cause de lui. Tu ne te vengeras pas. Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple. C’est ainsi que tu aimeras ton prochain comme toi-même. C’est moi le Seigneur votre Dieu » Oser dire avant qu’il ne soit trop tard, oser reconnaître en soi et autour de soi ce qui met en danger la personne, la vie des humains, l’institution. Et si être hypocrite à ce moment-là, c’était ne rien dire ?

Notre Église en crise n’aurait-elle pas évité bien des fautes et égarements si les choses avaient été dites à temps, avec humilité, courage, clarté et vérité ? C’est aussi vrai bien sûr pour chacun et chacune d’entre nous, en famille, en couple, ou pas.

Nous ne prierons jamais assez pour apprendre à voir clair, en nous, en l’autre, à voir… comme Dieu, le seul et juste juge, lent à la colère et plein de miséricorde

 

Xavier Debelleix, diacre