Première lecture du lundi 15 mai 2023 (Actes des Apôtres, 16, 11-15)

Avec Paul, de Troas, nous avons gagné le large et filé tout droit sur l’île de Samothrace, puis, le lendemain, sur Néapolis, et ensuite sur Philippes, qui est une cité du premier district de Macédoine et une colonie romaine. Nous avons passé un certain temps dans cette ville et, le jour du sabbat, nous en avons franchi la porte pour rejoindre le bord de la rivière, où nous pensions trouver un lieu de prière. Nous nous sommes assis, et nous avons parlé aux femmes qui s’étaient réunies.

L’une d’elles nommée Lydie, une négociante en étoffes de pourpre, originaire de la ville de Thyatire, et qui adorait le Dieu unique, écoutait. Le Seigneur lui ouvrit l’esprit pour la rendre attentive à ce que disait Paul. Quand elle fut baptisée, elle et tous les gens de sa maison, elle nous adressa cette invitation : « Si vous avez reconnu ma foi au Seigneur, venez donc dans ma maison pour y demeurer. » C’est ainsi qu’elle nous a forcé la main.

Méditation biblique

Ce récit de l’arrivée de Paul chez les Philippiens est écrit à la première personne du pluriel. Soit Luc faisait partie des personnes accompagnant l’apôtre Paul, soit il cite un journal de voyage dont il a eu connaissance. Ce qui est certain, c’est que la personne qui écrit est un témoin direct des événements. Elle raconte la première implantation de l’Evangile en Europe.

Les femmes réunies pour la prière sont apparemment des « craignant-Dieu », sympathisantes de la religion juive mais n’y adhérant pas pleinement. Si elles se réunissent sur le bord d’une rivière, c’est sans doute qu’il n’y avait pas de synagogue dans la ville de Philippes. En les rejoignant, Paul et ses compagnons manifestent une belle ouverture. Et ils en trouvèrent une aussi belle chez Lydie et sa famille.

L’auteur ne dit rien des paroles que Paul prononça et qui touchèrent cette négociante en étoffes de pourpre : elle exerçait un commerce de luxe et ne manquait certainement pas de moyens financiers. Elle ne manquait pas d’autorité non plus, d’ailleurs, car Paul et ses compagnons se laissent forcer la main pour bénéficier de son hospitalité. L’Apôtre obéit à une femme qu’il connaît à peine, cela vaut la peine d’être remarqué.

Ce devrait être cela, l’Eglise : un groupe où les personnes se font totalement confiance, où les dirigeants acceptent de se soumettre aux dirigés les plus inspirés, et où l’on n’hésite pas à obéir aux intuitions dont ils sont porteurs.

Donne-nous, Seigneur, d’abandonner les circuits trop convenus pour nous ouvrir avec souplesse aux inattendus de l’Esprit Saint. C’est une voie majeure de la fécondité.

 Michel Quesnel, prêtre de l’Oratoire à Lyon