Evangile selon saint Matthieu 7, 6. 12-14

En ce temps-là,

Jésus disait à ses disciples :

 

« Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré ;

ne jetez pas vos perles aux pourceaux,

de peur qu’ils ne les piétinent, puis se retournent pour vous déchirer.

 

Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous,

faites-le pour eux, vous aussi : voilà ce que disent la Loi et les Prophètes.

 

Entrez par la porte étroite.

Elle est grande, la porte,

il est large, le chemin

qui conduit à la perdition ;

et ils sont nombreux, ceux qui s’y engagent.

 

Mais elle est étroite, la porte,

il est resserré, le chemin

qui conduit à la vie ;

et ils sont peu nombreux, ceux qui le trouvent. »

 

Méditation

« L’heure inattendue »

 

Entrez par la porte étroite (…) Mais ils sont peu nombreux ceux qui la trouvent.

Comment comprendre cela, l’admettre ? Est-il possible que la porte ouverte par le Seigneur soit réservée à quelques-uns ? Qu’il y ait ceux qui sont capables et les autres, voués à la perdition.

C’est inacceptable.

Ces chemins si larges et faciles à parcourir, ce sont nos errances, nos doutes, nos certitudes qui nous paralysent en nous endormant. Ce sont les routes d’un monde qui cherche, pérégrine, se livre à corps perdu dans les mensonges et l’obscurité de la haine.

Mais un jour, à l’heure inattendue, à la lumière inconnue, quelque chose change, quelqu’un se glisse. La porte, celle qu’on cherchait sans comprendre et sans savoir, elle est ouverte, elle est devant.  Au-delà de toute gloire, de toute déception, de toute douleur, le chemin s’ouvre lentement et chacun peut connaître l’immensité de ce moment, où le souffle revient.

Etroite, cette porte, peut-être, mais jamais elle ne se referme. Tous, sans distinction, nous y sommes attendus, accueillis pas à pas.

Il me revient ici un poème d’Aragon, chanté par Léo Ferré : « Il n’aurait fallu… »

 

Qui donc a rendu

Leurs couleurs perdues

Aux jours, aux semaines

Sa réalité

A l’immense été

Des choses humaines (…)

 

Un tendre jardin

Dans l’herbe qui pousse

Et mon cœur défunt

Renaît au parfum

Qui fait l’ombre douce.

 

Voilà le mystère. Nous pouvons tous l’approcher et créer en s’y engouffrant une nouvelle heure.

 

Martine De Groote, paroissienne à Saint-Eustache