Le lieu secret de Dieu : Epiphanie

Le lieu secret de Dieu : Epiphanie

« Le lieu secret de Dieu » est le titre d’une chronique de Bernard Feuillet d’il y a quelques années et qui m’a marqué. Elle me rappelait que, bien que me disant croyant, et à ce titre engagé dans l’Eglise, j’étais encore et toujours à la recherche de Dieu. Croire ne me rendait pas plus savant sur lui. Et c’est l’image de la crèche et des Rois Mages qui me venait. Des hommes que les juifs qualifiaient de non-croyants avaient traversé toute la Terre connue à l’époque pour trouver Dieu. Ils ne trouvèrent qu’un nouveau-né, et se retrouvèrent devant lui comme tout homme, toute femme, devant un nouveau-né, entièrement démunis : il y avait devant eux toute la vie possible pour un être humain, vie tout en promesse pour cet enfant, mais vie réelle, peut-être plus réelle que la leur qu’ils n’arrivaient pas à remplir comme ils l’auraient voulu. Paradoxalement un nouveau-né a déjà vécu plus que nous, et s’il nous sourit cela nous éblouit. Les Mages devaient se sentir médiocres comme chacun de nous devant un nouveau-né promesse de vie infinie. Ils devaient aussi se sentir éternels car ils étaient, en la contemplant, en communion avec cette vie nouvelle et pleine. Epiphanie vient de « Manifestation » dans le sens de « rendre visible », exprimer, témoigner. Et Bernard Feuillet conclut : « S’il devait y avoir une frontière, elle passerait entre notre médiocrité et notre aspiration à l’infini – en nous et au-delà de nous ». L’infini peut être appelé Dieu (on est alors croyant…) ou ne pas être appelé du tout (on est alors… ?) mais il nous ouvre au mystère de l’humanité. Et Notre médiocrité ? Si elle n’était en fait que notre pauvreté, et l’humilité qu’elle appelle, surtout quand nous côtoyons des pauvres dans la chair. Et notre pauvreté peut être appelée Dieu (on est alors croyant…) ou ne pas être appelée du tout : on est alors des hommes et des femmes comme tout le monde qui questionnent le monde et en attendent tout le bonheur qu’ils en attendaient le jour de leur naissance.

 

 

Père Jacques Mérienne, vicaire à Saint-Eustache.

 

 



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