Proposer à Saint-Eustache une animation en lien avec la Fête de la musique, tel a été le challenge proposé par Luc Forestier, curé de Saint-Eustache, à Louis Robiche en 2005, peu de temps après son arrivée. L’astuce a été de placer ce nouveau festival en amont de la Fête de la musique officielle, pour ne pas concurrencer celle-ci, mais plutôt l’introduire. Les 36H en étaient encore à un stade embryonnaire, et connaîtraient encore pas mal d’ajustements avant d’atteindre leur forme définitive. Sur leur durée déjà : 12h ?, 24h ?, 36h ?, 48h : tout est envisagé. Sur le style de musique ensuite. Louis vient d’arriver et, la première année, ose timidement introduire quelques musiques du monde. Le déclic se produit en octobre 2006 : à l’occasion de la Nuit blanche, Olivier Mellano présente dans l’église La Chair des anges, une œuvre musicale faisant intervenir huit guitares électriques. Sur ce modèle, les 36H vont désormais s’ouvrir à d’autres styles de musique que la musique classique. Louis ne travaille pas seul : il s’appuie sur le réseau musical de Sonia Bester (Madamelune), rencontrée à Saint-Eustache, et se fait aider par Abdelatif, responsable culturel du centre Cerise, qui connaît bien le milieu musical. Les 36H commencent à se concrétiser ; il manque encore l’aspect co-programmation pour donner sa forme définitive au festival. Le père Gilbert Caffin, enseignant en art sacré à l’EAC (Ecole des métiers de la culture et du marché de l’art), permet à Louis d’engager un partenariat avec cette école. Pour son projet de diplôme, Jeanne Boulart, alors étudiante en 5e année, va devenir co-programmatrice (avec Louis) des 36H. Une belle expérience pour Jeanne, qui en fera son métier (avec son mari Pierre Lafitte, elle créera le festival Baleapop au pays basque). Pour Louis, c’est la révélation : co-programmer permet de toucher de nouveaux artistes. Après Jeanne, c’est Ombeline qui s’occupe de la programmation pendant 5 ans, à titre bénévole. Le festival gagne en qualité. Ombeline a l’idée de proposer aux artistes (sans obligation) d’intégrer une œuvre liturgique à leur prestation ; ce fil rouge sera gardé dans tous les festivals des 36H. En 2023, Melissa succède à Ombeline, toujours comme bénévole. Les 36H font appel à des artistes émergents ; Louis peut être fier d’avoir contribué à la notoriété de Clara Luciani, Yoa (qui gagnera un prix aux Victoires de la musique 2025), Yan Wagner. Avant chaque festival, Louis prend le temps de rencontrer chacun des artistes. Il raconte que beaucoup sont impressionnés par la beauté et les dimensions de l’église. Louis leur laisse carte blanche, dans le respect du lieu de culte. Louis aime ce milieu des artistes, il aime aussi rencontrer les jeunes qui entrent la première fois dans une église (et qui peut-être ne reviendront pas !), et tient à ce principe d’hospitalité ; il aime l’effervescence liée aux préparatifs et le rythme soutenu du festival. Il associe les paroissiens de Saint-Eustache en leur confiant un service d’accueil des visiteurs. Aux débuts du festival, le service de sécurité était même assuré par des bénévoles ; il est aujourd’hui garanti par un prestataire extérieur, ce qui est indispensable pour faire face aux milliers de visiteurs.
Les 36H sont devenues une institution. Elles marquent le début de l’été et les vacances qui approchent. Louis aime la saisonnalité, ce qu’il relie à ses origines de fils d’agriculteur. S’il n’y avait pas eu Saint-Eustache, qui sait, il serait peut-être devenu producteur de festivals de musique. Avec les 36H, il est donc dans son élément. Mais il a également décidé que l’édition 2025 serait la dernière. « C’est sûr, je vais pleurer, nous confie-t-il, mais je ne veux pas de l’année de trop ». Arrêter avec le départ des Oratoriens, cela a du sens, et nous ne doutons pas que Louis saura mettre son énergie et son imagination au service d’un autre projet. En tout cas, merci et bravo, Louis, pour ces 20 x 36 heures de festival !
Odile Guégano, chargée de communication pour l’église Saint-Eustache
D’après une interview de Louis Robiche
