9 mai 2020 Méditations Saint Eustache15 Minutes

5ème Dimanche de Pâques

« Ils choisirent sept hommes remplis d’Esprit Saint »
Lecture du livre des Actes des Apôtres 6, 1-7

En ces jours-là, comme le nombre des disciples augmentait, les frères de langue grecque récriminèrent contre ceux de langue hébraïque, parce que les veuves de leur groupe étaient désavantagées dans le service quotidien. Les Douze convoquèrent alors l’ensemble des disciples et leur dirent : « Il n’est pas bon que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables. Cherchez plutôt, frères, sept d’entre vous, des hommes qui soient estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de sagesse, et nous les établirons dans cette charge. En ce qui nous concerne, nous resterons assidus à la prière et au service de la Parole. » Ces propos plurent à tout le monde, et l’on choisit : Étienne, homme rempli de foi et d’Esprit Saint, Philippe, Procore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, un converti au judaïsme, originaire d’Antioche. On les présenta aux Apôtres, et après avoir prié, ils leur imposèrent les mains. La parole de Dieu était féconde, le nombre des disciples se multipliait fortement à Jérusalem, et une grande foule de prêtres juifs parvenaient à l’obéissance de la foi.

Psaume 32 (33), 1-2, 4-5, 18-19

R/ Que ton amour, Seigneur, soit sur nous,
comme notre espoir est en toi !
ou : Alléluia !
 (Ps 32, 22)

Criez de joie pour le Seigneur, hommes justes !
Hommes droits, à vous la louange !
Rendez grâce au Seigneur sur la cithare,
jouez pour lui sur la harpe à dix cordes.

Oui, elle est droite, la parole du Seigneur ;
il est fidèle en tout ce qu’il fait.
Il aime le bon droit et la justice ;
la terre est remplie de son amour.

Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour,
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.

« Vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal »
Lecture de la première lettre de saint Pierre apôtre 2, 4-9

Bien-aimés, approchez-vous du Seigneur Jésus : il est la pierre vivante rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu. Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus Christ. En effet, il y a ceci dans l’Écriture : Je vais poser en Sion une pierre angulaire, une pierre choisie, précieuse ; celui qui met en elle sa foi ne saurait connaître la honte. Ainsi donc, honneur à vous les croyants, mais, pour ceux qui refusent de croire, il est écrit : La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle, une pierre d’achoppement, un rocher sur lequel on trébuche. Ils achoppent, ceux qui refusent d’obéir à la Parole, et c’est bien ce qui devait leur arriver. Mais vous, vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut, pour que vous annonciez les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière.

« Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie »
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 14, 1-12

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : ‘Je pars vous préparer une place’ ? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin. » Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. » Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. » Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : ‘Montre-nous le Père’ ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres. Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père »

Homélie

« Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus Christ » déclare Pierre à ses frères. Comme pour tout juif qu’il est, le Temple de Jérusalem est au cœur de sa religion, le Temple comme présence de Dieu, seule présence de Dieu au milieu de son peuple, le Temple gardé et servi par le corps sacerdotal des prêtres de la tribu de Lévi. Ce que Pierre déclare aux autres disciples et aux nouveaux convertis, c’est qu’ils deviennent eux-mêmes, et en même temps, le Temple et les prêtres, ils deviennent le Temple vivant et les prêtres dont le lien, entre eux, n’est pas d’être issus d’une tribu particulière, mais d’être tous frères et sœurs dans le Christ. La réalité tangible et absolue que le Temple est pour Pierre devient pour les nouveaux croyants que sont ceux qui ne s’appellent pas encore les chrétiens, le signe qu’ils sont personnellement et ensemble, dans leur chair et dans leur esprit, la structure intime de la nouvelle communauté qui va incarner dans leur monde le Christ vivant ressuscité. Vivant ensemble ce signe du temple et de ses prêtres, ils fondent ce qui ne s’appelle pas encore l’Église, ils réalisent et font exister ce que ce signe signifie, ils sont sacrement du Christ qui les fait vivre.

 En quelques années avec Paul, et en quelques siècles avec les Pères, l’Église va trouver la forme que nous lui connaissons même si elle a beaucoup évolué à travers les millénaires, si elle a grandi et essaimé sur toute la surface de la Terre, si elle s’est divisée et s’est trahie, si elle a traversé de nombreuses crises, la dernière en date étant actuelle, et à chaque fois elle a retrouvé son intuition des premiers temps, elle garde comme fondement d’être toujours le fruit des fidèles qui la composent, des fidèles qui la créent tout en la recevant de l’Esprit du Christ, en exerçant leur sacerdoce commun. De quoi est fait ce « sacerdoce commun des fidèles » ? Je retrouve, pour en parler simplement, ce dialogue imaginé par le poète Bernard Feillet entre Dieu et le croyant qu’il est lui-même sans savoir où il en est : « Moi qui suis l’amour, raconte-moi comment tu as toi aussi inventé l’amour. Ne me dis pas comment tu m’as aimé, Moi ton Dieu, c’était au-delà de ta portée, dis-moi comment tu as aimé tes frères. Dis-moi ta vie d’homme. ». Car le sacerdoce dont il est question ne se définit pas d’abord comme cernant et servant la religion, d’ailleurs pour notre époque qui se sécularise cela vaut peut-être mieux, il se définit par la manière dont nous vivons notre humanité, dans tout ce qu’elle comporte de quotidien ou d’exceptionnel, de routinier ou de créatif, la manière dont nous vivons notre humanité comme une existence où Dieu s’annonce, et notre humanité comme signe qu’il est déjà là parmi nous et en nous.

Les circonstances de la crise sanitaire ont éloigné beaucoup d’entre nous des balises qui marquaient leur vie de chrétiens explicites, certains souffrent de se sentir sourds et silencieux loin des messes et des prières communes, d’autres découvrent que leur foi peut se nourrir de seulement quelques paroles de l’Écriture sans rites ni rassemblement parce qu’ils ont en eux une mémoire vivante qui est en fait un culte intérieur, d’autres enfin sont hélas perdus et appellent à l’aide. Alors cela nous ouvre à tous ceux, spécialement les jeunes, qui n’ont pas vécu ce que nous avons vécu en Église depuis des années, quand bien même nous avions l’impression que cela devenait au fils des ans de plus en plus fragile, cela nous ouvre à tous ceux très nombreux, majoritaires aujourd’hui, qui n’appartiennent pas à la vie religieuse que nous connaissons, et à qui sans doute nous aimerions la transmettre puisqu’elle a donné du sens, puisqu’elle a donné son sens à notre vie. Je reprends ici ce qu’écrit Bernard Feillet : « Nous ne pouvons prétendre en tant que communauté chrétienne être les seuls témoins qui pourraient éclairer leur existence, nous ne savons même pas s’il serait mieux pour eux de devenir chrétiens, sommes-nous capables d’accepter que notre Église ne leur est pas nécessaire ? » L’expérience que nous faisons nous-mêmes en ce moment de la perte des repères et balises de notre vie religieuse ne nous rapproche-t-elle pas de nos contemporains qui cherchent leur voie, ou qui l’ont trouvée sur d’autres chemins que les nôtres, ou qui n’ont pas même ni l’idée ni l’envie de chercher du sens parce que la société dans laquelle nous vivons leur fait croire qu’il peuvent s’en passer ; notre perte des rendez-vous ecclésiaux et habitudes spirituelles qui nous portent et nous nourrissent, ne nous remet-elle pas en recherche, en chemin, la même recherche et les mêmes chemins que tous ceux qui autour de nous explorent leur humanité à la recherche de l’essentiel ? Pour les croyants que nous sommes perdre est souvent trouver autre chose, manquer est souvent savoir lâcher ce à quoi nous nous accrochons, perdre et manquer est souvent retrouver l’humilité et la pauvreté qui nous placent sur le même pied que nos frères et sœurs contemporains.

Pierres vivantes nous le sommes alors, destinées à bâtir avec tous les hommes une demeure spirituelle dans laquelle chacun et chacune a sa place préparée.

Jacques Mérienne, prêtre du diocèse de Paris à Saint-Eustache

 

Quête

Le confinement ne rend pas notre communauté virtuelle, nous sommes séparés pour des raisons sanitaires mais toujours unis dans la pensée et la prière, ce que traduit entre autre la communication internet qui nous réunit chaque jour. Notre communauté continue donc de vivre malgré la fermeture temporaire de l’église et elle a toujours besoin de ses ressources pour faire face à ses charges. Vous le savez une part importante de ces ressources viennent de l’offrande faite lors des messes qui sont suspendues jusqu’à nouvel ordre. Vous pouvez néanmoins continuer à y contribuer en faisant vos offrandes via le compte www.quete.paris.catholique.fr ou via l’application La Quête www.appli-laquete.fr