10 novembre 2022 Editoriaux hebdomadaires4 Minutes

Glané au gré de la prière des heures cette semaine, ce texte tiré de la constitution Gaudium et spes, du concile Vatican II. Un texte déjà quelque peu ancien, donc. Et pourtant, qui n’a rien perdu de son actualité à moins qu’il ne soit devenu encore plus urgent de l’entendre alors que le monde, les sociétés, les Églises même (à commencer par la nôtre !) vont se fracturant sans cesse davantage et dans un climat où la violence des extrêmes, toujours croissante, donne le ton et laisse le grand nombre dans un sentiment d’impuissance :

« … En matière de paix et de désarmement, les hommes doivent veiller à ne pas se confier uniquement aux efforts de quelques uns, en négligeant leur propre état d’esprit. Car les gouvernants qui sont les répondants du bien commun de leur propre nation, et en même temps, les promoteurs du bien de l’univers, sont très dépendants des opinions et des sentiments de la foule. Il ne leur sert à rien de vouloir bâtir la paix aussi longtemps que des sentiments d’hostilité, de mépris et de défiance, des haines raciales et des partis pris idéologiques séparent les hommes et les dressent les uns contre les autres. Voilà pourquoi il s’impose avec urgence de rénover l’éducation des esprits et l’inspiration de l’opinion publique.

Ceux qui se consacrent à l’éducation, surtout auprès des jeunes, ou qui forment l’opinion publique, doivent considérer comme leur plus grave devoir celui d’inculquer à tous les esprits de nouveaux sentiments en faveur de la paix. Nous devons changer notre coeur, en considérant le monde entier ainsi que les tâches que nous pouvons entreprendre tous ensemble pour l’amélioration de notre humanité.

 Mais ne nous laissons pas tromper par une espérance fallacieuse. Si les inimitiés et les haines n’ont pas été chassées, si l’on ne conclut pas pour l’avenir un pacte solide et loyal en faveur de la paix universelle, l’humanité qui se trouve déjà dans une situation critique, en dépit de la science admirable qu’elle possède, risque de parvenir à cette heure funeste où elle ne connaîtra plus une autre paix que la paix sinistre de la mort. Mais tandis qu’elle parle ainsi, l’Église du Christ, plongée dans les angoisses de notre temps, n’abandonne pas une très ferme espérance. Elle veut présenter à notre époque, sans arrêt, à temps et à contre-temps, le message de l’Apôtre : “Voici maintenant le temps favorable pour la conversion des cœurs, voici maintenant le jour du salut” …».

La fête de tous les saints, le 1er novembre nous a donné l’occasion de réentendre les Béatitudes, charte du Royaume et feuille de route des artisans de paix que nous avons vocation à être. Plutôt que d’ajouter à la plainte ou à la colère dont le monde n’est que trop plein, mobilisons nos énergies pour lui apporter la consolation d’une vive et vivante fraternité.

                                                                                                                                                                         Père Gilles-Hervé Masson, Vicaire, Prêtre dominicain.