18 février 2022 Editoriaux hebdomadaires3 Minutes

L’église, qui demeure un lieu privilégié pour prier, possède la faculté rassurante de se muer en véritable refuge pour se ressourcer et s’éloigner des tumultes et des difficultés du quotidien. Cette église, cet écrin réconfortant, ne doit pas nous faire oublier la nécessité d’être dans le monde, et de ne pas nous replier sur nous-mêmes dans le simple fonctionnement.

L’art et la méditation sont portés par une volonté commune : la contemplation. Mais celle-ci nécessite un temps d’arrêt, un silence nécessaire dans nos vies afin de s’attarder sur ce qui peut être sacré, fondamental, pour chacun d’entre nous.  Et pourquoi pas, trouver ou retrouver ce qui est beau, et oser prendre un autre chemin de réflexion que d’habitude, en quittant la terre ferme de nos certitudes.

Cette contemplation permet d’accueillir ce paradoxe qui consiste à se mettre en retrait quand cela semble nécessaire pour accéder ” aux multiples pièces ” de notre vie intérieure. Ainsi, l’art, et notamment l’art contemporain au sein de l’église, nous invite, en tant que témoin privilégié de notre existence, à un exercice d’assouplissement de notre perception du quotidien, et nous rappelle ainsi la nécessité impérieuse d’être ancrés dans le monde d’aujourd’hui. D’une certaine façon, il peut nous libérer d’un confort qui, s’il est trop longtemps entretenu, risque de nous mener à l’aveuglement.

Et pour “être dans le monde”, il nous faut déjà voir avec des yeux de chrétiens. Nous attarder. Marquer un temps d’arrêt, et accepter de prendre ce temps nécessaire pour cheminer ensemble. Et “sortir de nous-mêmes” devient indispensable. Ainsi, les personnes les plus vulnérables éclairent nos chemins à travers la parole. Leurs lanternes pourtant discrètes, nous ouvrent d’autres perspectives, souvent inattendues et enrichissantes. Elles sont sensibles à nos moindres gestes d’attention, et nous renvoient au sens profond de notre vie en communauté en nous offrant un regard neuf. En cela, elles portent en elles une part sacrée de notre existence. Ainsi, la Soupe, lieu incontournable de l’église Saint-Eustache participe chaque jour à cette volonté commune de l’Eglise “d’être dans le monde”.

Être dans le monde, c’est choisir un carrefour où la rencontre avec l’autre est toujours possible.

Laura Pegaz-Garabedian, chargée de la communication