Première lecture du vendredi 17 février 2023 (Genèse 11, 1-9)

Toute la terre avait alors la même langue et les mêmes mots.
Au cours de leurs déplacements du côté de l’orient, les hommes
découvrirent une plaine en Mésopotamie, et s’y établirent.
Ils se dirent l’un à l’autre : « Allons ! fabriquons des briques et
mettons-les à cuire ! » Les briques leur servaient de pierres, et le
bitume, de mortier.
Ils dirent : « Allons ! bâtissons-nous une ville, avec une tour dont
le sommet soit dans les cieux. Faisons-nous un nom, pour ne pas
être disséminés sur toute la surface de la terre. »
Le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que les hommes
avaient bâties.
Et le Seigneur dit : « Ils sont un seul peuple, ils ont tous la même
langue : s’ils commencent ainsi, rien ne les empêchera
désormais de faire tout ce qu’ils décideront.
Allons ! descendons, et là, embrouillons leur langue : qu’ils ne se
comprennent plus les uns les autres. »
De là, le Seigneur les dispersa sur toute la surface de la terre. Ils
cessèrent donc de bâtir la ville.
C’est pourquoi on l’appela Babel, car c’est là que le Seigneur
embrouilla la langue des habitants de toute la terre ; et c’est de là
qu’il les dispersa sur toute la surface de la terre.

 

Méditation : « Tirons parti de la diversité »

 

L’épisode mythique de la Tour de Babel est présenté par la Bible comme un événement malheureux : la construction de cette tour dont le sommet serait dans les cieux est un geste dicté par l’orgueil. Cet orgueil est favorisé par le fait que tous les humains formaient un seul peuple et parlaient la même langue. Ils pouvaient s’organiser pour défier le Créateur.

Ce dernier prenait alors la décision d’embrouiller leur langue « afin qu’ils ne se comprennent plus les uns les autres », et de les disperser sur toute la surface de la terre. De là viendrait la diversité des peuples et des langues. Mais est-ce un mal ?

 

En 1990, un certain François Marty (pas le cardinal qui était déjà décédé) publia un ouvrage intitulé La Bénédiction de Babel. C’est une lecture originale de l’épisode biblique. Pour cet auteur, la diversité des peuples et des langues doit être considérée comme une chance et non pas comme un malheur. Cela permet l’altérité. La présence de plusieurs autres à nos côtés, différents de nous, nous permet une ouverture salutaire. N’avoir à nos côtés que du même et du semblable serait un appauvrissement.

 

J’apprécie cette lecture. Nous sommes souvent en relation avec des gens qui nous ressemblent. Les réseaux sociaux favorisent encore cette situation. Les qualités et les richesses de gens différents de nous peuvent nous faire bouger, nous faire avancer. Le débat et même parfois la confrontation nous conduisent à aller au-delà de nos horizons spontanés, et c’est un bien.

 

Dieu lui-même n’est-il pas le Tout-Autre ?

 

Michel Quesnel, prêtre de l’Oratoire à Lyon