Première lecture du dimanche 24 juin 2018

Écoutez-moi, îles lointaines ! Peuples éloignés, soyez attentifs ! YHWH m’a appelé dès le sein maternel, dès les entrailles de ma mère il a prononcé mon nom.
Il a fait de ma bouche une épée tranchante, il m’a abrité à l’ombre de sa main ; il a fait de moi une flèche acérée, il m’a caché dans son carquois.
Il m’a dit : « Tu es mon serviteur, Israël, toi en qui je me glorifierai. »
Et moi, j’ai dit : « C’est en vain que j’ai peiné, pour rien, pour du vent j’ai usé mes forces. » Et pourtant mon droit était avec YHWH et mon salaire avec mon Dieu.
Et maintenant YHWH a parlé, lui qui m’a modelé dès le sein de ma mère pour être son serviteur, pour ramener vers lui Jacob, et qu’Israël lui soit réuni ; – je serai glorifié aux yeux de YHWH, et mon Dieu a été ma force ; – il a dit : « C’est trop peu que tu sois pour moi un serviteur pour relever les tribus de Jacob et ramener les survivants d’Israël. Je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut atteigne aux extrémités de la terre. »

Isaïe, 49, 1-6

Méditation

« Écoutez-moi, îles lointaines ! Peuples éloignés, soyez attentifs ! » Ainsi donc le serviteur que Dieu a choisi pour communiquer sa parole s’adresse désormais au lointain. Telle est d’ailleurs la volonté de Dieu. Il ne suffit plus que sa parole soit portée à la seule écoute de son peuple Israël. À présent, il veut qu’elle dépasse les frontières, qu’elle traverse les mers, qu’elle soit diffusée à tous les continents, à toutes ces terres qui pour Israël, alors exilé à Babylone, demeurent totalement inconnues.  Oui, par la voix de son serviteur, Dieu veut que sa parole soit diffusée dans le monde entier, tant et si bien que sur aucune parcelle de ce monde, aucun peuple ne doit rester ignorant de sa volonté de sauver tous les peuples.

Du point de vue de la tradition biblique, nous sommes ici en présence d’une véritable révolution. Cette révolution concerne la parole elle-même. Maintenant, la parole de Dieu doit pouvoir être écoutée par tous les peuples. Pour autant, cette même parole n’est pas assimilable à une forme d’instrument à valeur universelle. Il s’agit plutôt de voir dans la parole ce qui en elle, à partir du monde et de l’esprit de Dieu, est proprement parlant.

Si les choses sont ainsi envisagées, c’est bien le rapport de tous les peuples à leur propre langue, le rapport de chaque humain à sa propre parole, qui doit être sans cesse redécouvert. Oui, nous vivons finalement tous en exil de la parole… de Dieu.

Yves Trocheris, prêtre de l’Oratoire à Wiesbaden, Allemagne