La célèbre formule d’Auguste Blanqui date de plus d’un siècle. Il nous faut reconnaitre qu’elle est aujourd’hui reprise ou vécue, dans un sens parfois bien éloigné, par bon nombre de nos contemporains, qui désirent se libérer de la religion et des normes sociales qui en découlent.
L’homme qui vit ainsi se charge d’un fardeau extrêmement pesant, infiniment trop lourd pour ses épaules. Il devient sa propre norme, son propre maître. Il lui incombe de se donner une morale et des règles pour vivre. Il doit surtout surmonter, seul, les épreuves et les souffrances qu’il rencontre.
La foi chrétienne, du moins celle reposant sur une image juste de Dieu, implique une vie bien différente. La liberté ne se trouve que dans l’amour, comme le dit saint Augustin dans son commentaire de la première épitre de saint Jean, « aime et fais ce qu’il te plaît » ! L’amour de Dieu, manifesté en Jésus-Christ, est la référence du chrétien, le chemin à suivre pour devenir ce qu’il est réellement.
La foi est un don que l’homme doit accueillir. C’est dans la foi seulement qu’il nous revient de découvrir l’amour que Dieu nous porte. L’expérience de cet amour, renouvelée chaque jour dans les sacrements ou dans la prière intime et secrète, irrigue alors nos corps et nos cœurs pour nous faire porter au monde cette chaleur qui lui manque tant. Nous percevons bien que la foi devient alors une décision qui se doit d’entraîner l’adhésion de notre être entier.
Le vieil homme peut se déchainer, bien plus que le diable. Il nous faut nous vaincre nous-même. Museler l’égoïsme et les convoitises qui empêchent l’âme de respirer et de s’élever. Ce choix est vital et conditionne notre Salut. Acceptons-nous de placer notre vie sous la Seigneurie du Christ ?
Pour répondre à cette question il convient de sonder nos cœurs, faire mémoire de notre histoire sainte pour retrouver Celui-là seul qui a déposé sa vie pour ses amis, manifestant à l’humanité entière sa vérité et sa dignité infinie : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme se fasse Dieu. » (Saint Irénée)
Quel maître choisirons-nous ?
Père Martin de Laubadère, vicaire à Saint-Eustache