Ps 24 / Ez 37,1-14 / Ps 103 / Rm 8, 22-27 / Ps 117 / Jn 3, 1-21 / Cantique NT Eph 1

Nous avons retenu cette page très connue de l’Évangile selon saint Jean : l’entretien avec Nicodème. Et probablement, ce qu’il est bon de retenir d’abord de cet entretien — parce que ça nous est très utile — c’est que Nicodème, devant Jésus, malgré tous les titres, en particulier de savoir, dont il pourrait se revendiquer, reconnaît qu’il ne sait pas. Il est devant Jésus comme un enfant qui pose des questions qu’on pourrait décidément trouver d’une extrêmement grande naïveté : « Comment un homme déjà né pourrait-il rentrer de nouveau dans le sein de sa
mère ? » On voit que Nicodème a du chemin à faire pour passer à l’intelligence spirituelle. Il ne sait pas.

Et ce soir, c’est sans doute bien pour vous, qui demain vous allez recevoir ce sacrement particulier de l’Esprit, de vous dire que vous ne savez pas ! Vous ne savez pas ce qui vous attend. Le don de l’Esprit qui va vous être donné, le don de Dieu, comment est-ce que cela va se traduire dans vos existences ? Ce n’est pas un geste magique. Comme tous les sacrements, c’est proposé à l’assentiment de votre foi, ça opérera au bénéfice de votre acquiescement, et ça portera un fruit ans la prière, dans l’intelligence de l’Écriture, dans un certain art de faire la vérité comme dit le
Seigneur pour venir à la lumière, dans un certain désir aussi de marcher sur les chemins de la justice, dans un désir réel de toujours être dans une logique de service et jamais dans des logiques de domination.

Jésus invite Nicodème à se laisser conduire par ce maître intérieur, ce souffle invisible. « Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va » et Jésus ne le dit pas, mais « tu ne sais pas non plus où il te conduit quand tu lui offres les voiles (comme d’un bateau) de ta foi ».

Célébrer le sacrement de la confirmation — que certains d’entre nous ici ont reçu tout récemment en même temps qu’ils recevaient le sacrement du baptême et de l’eucharistie — c’est ce que nous avons voulu faire ce soir tous ensemble : remonter à la source de notre baptême. nous dire que ce cadeau qui nous est fait de connaître le Mystère de Dieu en Jésus Christ, un Mystère de Dieu qui se révèle à visage humain, un Mystère de Dieu qui ne se révèle pas lointain mais qui, au contraire, a franchi les distances pour venir au plus près de nous, dans notre propre
chair. Célébrer le sacrement du baptême, remonter à la source du baptême, c’est vivre de ce don qui nous est fait, qui nous est confié, non pas pour que nous le gardions jalousement, mais pour qu’au contraire nous le partagions très très largement.

Vous avez entendu, je n’y reviens pas, le livre d’Ézékiel. Vous avez entendu aussi saint Paul qui justement évoque cet Esprit qui « vient au secours de notre faiblesse » pour pratiquement tout. Il vient au secours de notre faiblesse « car nous ne savons pas prier comme il faut », et nous ne savons pas non plus vivre comme il faut, nous ne savons pas écouter comme il faut. Alors l’Esprit, il est notre mémoire, il est notre intelligence, il est notre volonté, il est aussi notre disponibilité à ce que Dieu, par les mille et un canaux de la vie, mille et une circonstances, nous donne à entendre, nous donne à comprendre, nous donne à voir.

Surtout, ce qu’il faudrait ne pas rater — c’est peut-être ça qu’il faut demander à l’Esprit —, c’est au bénéfice d’une vie enracinée dans le Seigneur, lui demander de ne jamais rater une occasion de faire le bien. Si la religion que nous professons compte pour nous, c’est parce qu’elle est l’âme de notre vie, elle est le dynamisme profond qui nous anime : croire en Dieu-Amour, révélé dans le Christ Jésus, c’est vouloir que cet amour-là ait le dernier mot, et nous ne savons que trop combien le Mystère de Dieu est confisqué, combien il est dévoyé, combien il est caricaturé par
toutes sortes de pouvoirs qui s’en servent pour écraser, non pas leurs frères, mais leurs semblables. L’Esprit nous suggère, en fidélité à l’enseignement du Seigneur, que nous sommes tous enfants du même Père dans le Seigneur qui vient vers nous.

Vous pourrez garder comme un viatique ce cantique que nous avons chanté à l’instant : le cantiques des Éphésiens qui rappelle la bénédiction avec laquelle nous marchons. Mais surtout, commencez déjà de porter par-devers vous cette formule que vous entendrez demain, en même temps qu’on vous imposera la main et qu’on fera sur votre front le signe de la croix avec le Saint Chrême : « Recevez l’Esprit Saint, le don de Dieu ! »

Lorsque les catéchumènes marchent vers le baptême, à un moment donné, on leur dit : «Ephata ! » (Ouvre-toi !). De quelque manière, c’est cette invitation-là qui va retentir encore pour vous demain. Vous allez être sollicités très directement et le Seigneur attend le AMEN de votre foi, le AMEN de votre disponibilité et le AMEN, aussi, de votre engagement.

AMEN