Thomas Jouteux : Père Gérard Bénéteau, vous fêtez les 50 ans de votre ordination lors d’une messe d’action de grâce, célébrée à Saint-Eustache ce dimanche 18 mai. De quoi souhaitez-vous particulièrement rendre grâce ?
Père Gérard Bénéteau : J’ai un problème avec l’expression « action de grâce ». Si on remercie Dieu pour le meilleur, que lui dit-on pour le pire ? Et au moment où j’ai la joie de fêter ce cinquantième anniversaire, je pense à ceux dont l’itinéraire a été tellement plus court ou douloureux. Aujourd’hui, je veux remercier ceux qui m’ont fait confiance dans ma mission et celles et ceux que j’ai eu la chance de croiser sur cette route.
T.J. : Sur ces 50 ans, quel prêtre avez-vous voulu être ? Sur cette durée, peut-on d’ailleurs dire “quels prêtres” ?
G. B. : Quand j’ai pensé à être prêtre à l’âge de 6 ans, j’ai sans doute surtout pensé au décorum lié à la fonction, je célébrais alors des grands-messes dans la buanderie de ma mère. Très vite, c’est la fonction de pasteur qui a guidé mon service, passant au fil des années de celui qui préside et qui guide à celui qui accompagne interrogations et quêtes de sens, interrogations et quêtes qui, souvent, sont aussi miennes.
T.J. : Saint-Eustache a occupé une place importante au cours de votre ministère. Quel regard portez-vous sur son assemblée et sur la pastorale qui y est déployée au cœur de Paris ?
G. B. : Je suis arrivé dans la paroisse au moment où le Père Denis Perrot créait la Soupe qui donnait un signe fort – elle était alors servie sur le parvis – du désir de solidarité de la communauté. Les années SIDA – où se vivait un drame d’amour et de mort – ont été un autre moment d’engagement marquant de la paroisse, renforçant ses liens avec les milieux artistiques particulièrement éprouvés. La création de Cerise s’est voulue, elle, au service du quartier. Ces initiatives donnent une coloration particulière à Saint-Eustache. On peut y entrer un dimanche et être séduit par les liturgies. On peut aussi venir y rechercher la source qui motive ces initiatives fraternelles. Celle qui nous fait dire « Notre Père ». Sans toujours y penser, ces mots nous donnent une multitude de frères et de sœurs, et l’Évangile précise l’attention que l’on doit porter aux plus petits d’entre eux.
Propos recueillis par Thomas Jouteux, rédacteur en chef du Forum Saint-Eustache
