Même s’il faut toujours rappeler que c’est le dimanche qui est le jour le plus important du calendrier liturgique, la Semaine Sainte reste incontestablement le grand moment de l’année. De dimanche en dimanche on célèbre bien la Pâque hebdomadaire, mais lors des jours saints on opère une plongée dans le mystère de ce qui a été vécu par le Christ « aux jours de sa Passion » comme on dit parfois. Vivre au jour le jour les évènements de Jérusalem permet de faire sienne la geste du Christ, l’intensité de ce qu’il a vécu. Cela permet de reprendre la mesure de son intention d’amour : il meurt par  amour pour la multitude et ressuscite dans la puissance du même amour.

Une phrase, extraite de la préparation du Cierge Pascal, lors de la vigile du samedi est pleine de force et de douceur : « Que la lumière du Christ ressuscitant dans la gloire, dissipe toute ténèbres de l’esprit et du cœur ». Cette lumière, nous commençons de l’accueillir et apprivoiser dès la nuit du samedi. Au jour de Pâques, au sortir du Triduum, elle éclate. La nuit est définitivement vaincue. La mort, comme dit saint Paul, « a été engloutie dans la victoire ».

Reste que, pour être certaine aux croyants que nous sommes, cette victoire du Christ n’opère pas par magie ! La résurrection appelle d’abord un acte de foi. Elle exige ensuite que l’on scrute, patiemment, la profondeur de son mystère. En ressuscitant, le Christ n’opère pas seulement « le plus grand miracle jamais vu », même si, de fait l’évènement est considérable. Note-t-on assez que Paul ne sépare jamais la résurrection du Seigneur de la nôtre ? Pour lui, dès maintenant nous vivons au présent sur un horizon de vie éternelle. C’est dire qu’en ressuscitant, le Seigneur inaugure la création nouvelle évoquée dans l’Apocalypse : « Voici, je fais toutes choses nouvelles ».

C’est à nous que cette lumière est confiée. À nous qui essayons d’être disciples et de recevoir au mieux la lumière et la vie que le Christ nous offre. Dans ce monde encore si traversé de spasmes, de violence, de non-amour et de mort, inlassablement nous puisons notre force et notre espérance dans la lumière discrète et têtue du matin de Pâques. Nous épousons le rythme biblique : « il y eut un soir… Il y eut un matin ». Et nous ne savons que trop combien de nuits sont encore à traverser.

Soyons témoins d’espérance. Engouffrons-nous dans la brèche ouverte par le Ressuscité dans le mur redoutable de la mort et de toutes les morts. À sa suite et à son appel, sans attendre, œuvrons à la Création nouvelle en agissant pour le bien, la justice et la paix. Soyons des priants et des serviteurs.

« Il y eut un soir, il y eut un matin…Huitième jour… », celui des temps nouveaux. Joyeuses Pâques !

Père Gilles-Hervé Masson