Au moment où vous lisez ces quelques lignes, nous nous apprêtons à célébrer la solennité des Rameaux, à faire mémoire de l’entrée de Jésus à Jérusalem, « ville sainte où il va mourir et ressusciter », nous allons joindre nos voix au son des « Hosannas », joindre nos voix à cette même foule qui acclamait Jésus il y a plus de 2000 ans ! Cette même acclamation qui préfigure déjà la victoire du Christ sur la mort et nous met dans cette même dynamique de dire notre espérance d’entrer avec Lui dans la Jérusalem éternelle.

La liturgie du jeudi soir est bien plus que l’anniversaire de la Cène, c’est l’entrée du Sauveur dans sa Pâque. Pour nous aussi, le Jeudi saint est le moment de l’entrée dans le Mystère pascal tout entier. Précédée par le geste du lavement des pieds où le Christ se fait serviteur en se mettant à genoux pour laver les pieds de ses disciples et où il nous engage à faire de même dans notre vie, à servir : « vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns les autres » (Jn 13 ,14) nous célèbrerons l’eucharistie, le mémorial de la Pâque du Christ. Jésus y est présent, il nous parle, il nous partage le pain et nous présente la coupe, il se donne à nous : « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13). Répondant à l’invitation du Christ « Restez ici et veillez avec moi » (Mt 26, 38b), nous prendrons le temps au reposoir de veiller avec le Seigneur qui s’approche de son agonie au mont des Oliviers, qui entre dans sa Passion.

Vendredi, jour sombre de la mort du Seigneur et de notre compassion : contempler le Christ souffrant, agonisant et mourant après avoir crié sa déréliction et s’être remis à son Père : « En tes mains je remets mon esprit… » Et chacun s’approche de la croix pour la vénérer, l’adorer. Moment d’union au Seigneur et, avec lui, moment d’union aux malheurs du monde. Et l’espérance plonge ses racines dans cet amour au delà de tout amour.

Vigile et Pâques. S’ensuit le grand silence du Samedi saint. Bourdonnant. Jour de tous les doutes et du grand vertige : serait-ce la fin de tout ? Le Seigneur repose au tombeau. Les disciples sont sonnés. Marie se recueille ; au plus profond de son âme elle ne doute pas que Dieu n’abandonnera pas son enfant. Ni son peuple.

Vient la nuit. L’immense traversée de l’histoire sainte : le signe du feu, le cierge pascal, l’Exultet ; le pèlerinage à travers l’écriture. Les catéchumènes s’apprêtent à vivre leur baptême, confirmation et communion. L’assemblée les entoure et se renouvelle elle-même dans leur démarche.

Après la nuit, un matin. Avènement de la création nouvelle : « le Seigneur est ressuscité ! Alléluia ! ». Voici que Dieu fait toutes choses nouvelles… Le jardin du matin de Pâques est la scène initiale de tous les étonnements qui attendent les disciples qui n’en croient ni leurs yeux ni leurs oreilles. Aux premières loges et aux avant-postes de la Mission apostolique, les femmes et singulièrement Marie Madeleine.

Chers amis, n’hésitons pas à bousculer nos agendas pour vivre, ensemble cette si grande semaine, cette semaine en forme d’anamnèse, cœur de notre foi : Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous proclamons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire !

Xavier Legrand, cérémoniaire à Saint-Eustache