Hélène Janicot : trois œuvres pour approcher l’essentiel

Hélène Janicot : trois œuvres pour approcher l’essentiel

 

Entrer dans Saint-Eustache et la parcourir est une expérience engageant le visiteur, croyant ou non, dans un double registre : la surprise face à l’élévation et à la beauté de l’édifice, le retour sur soi et l’expression d’un essentiel.

Devant tant de richesses patrimoniales, Hélène Janicot propose trois œuvres minimalistes qui ouvrent à la méditation et contrastent avec la monumentalité du lieu.

La première s’élance vers les voûtes, exprime l’axe vertical qui sert d’ossature au corps et à l’architecture. Derrière la chaire de Victor Baltard, des filins toute hauteur dessinent, sans artifice, le volume virtuel d’un pilier. À hauteur des yeux, un écart minuscule interrompt chacun des filins, grâce à la présence d’aimants qui, sans se toucher, mettent en tension l’ensemble. Dans cette quête d’équilibre précaire, « la gravité nous maintient au sol pendant que l’esprit, dans son aspiration, fait la jonction. »

La deuxième reprend la position du corps agenouillé, pris dans cette tentative toute terrestre de s’adresser au céleste. De par la présence de mobiliers religieux et de supports liturgiques -autels, confessionnaux – les chapelles sont les lieux d’oraison, de célébration, de confession. Sur les murs, les ex-voto sont des expressions de gratitude ou de reconnaissance. Partout il est question de faire mémoire, de conserver le souvenir par la pensée et par le corps. Un moulage de genoux et de pieds, une trace laissée dans un tableau en béton, est déposé sur un autel, comme la matérialisation d’une présence suggérée. De l’aveu au remerciement, « c’est par ce mouvement du corps qui s’abaisse que la pensée peut s’élever ».

La troisième passe de la surface aux profondeurs. Le sol de l’édifice cache un univers technique, sépulcral et même tellurique, habituellement invisible en raison du calepinage et de l’homogénéité du dallage. En ouvrant une bouche d’aération et en la couvrant par une plaque de verre, l’artiste provoque l’abaissement du regard vers ce qui se trouve sous la surface, « rendant manifeste le substrat du monument, les conditions de son existence. »

 

 

 

Michel Micheau, membre du Collège visuel de Saint-Eustache.

 

 



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