Matin de Pâques ! Avec Marie-Madeleine, avec Pierre et Jean, nous commençons, nous aussi un chemin. La résurrection de Jésus n’est pas un épilogue : c’est un commencement.

Jean note, à la fin de l’épisode du tombeau vide, que l’on proclame le jour de Pâques  : « jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts ». Ils n’avaient pas compris… À présent, ils vont se mettre en chemin et commencer à comprendre – chacun à sa manière : celle de Pierre n’est pas celle de Jean. Et nous, en Église et chacun pour son propre compte, nous essayons aussi de comprendre. Nous nous mettons en chemin. Sur l’horizon de nos vies et de la vie du monde, le Ressuscité ouvre une brèche : une brèche de lumière sur toutes les opacités et ténèbres de ce monde ; une brèche de vie sur toutes les puissances de morts qui compromettent la vie heureuse ; une brèche d’amour sur tous les refus d’aimer.

Envers et contre toute spontanéité première devant un tel événement, les protagonistes de l’histoire du Ressuscité vont avoir à découvrir qu’il n’est pas un revenant. Non ! Pas de retour en arrière. Quelque chose de radicalement nouveau commence avec lui : Il précèdera les siens en Galilée, il est premier-né d’une création nouvelle – parce que réconciliée. « La paix soit avec vous », « Shalom » dira le Ressuscité, pratiquement chaque fois qu’il se manifestera. Et sa résurrection a un impact, non pas seulement sur l’au-delà de la mort biologique que nous expérimentons tous (et qui nous échappe du tout au tout) mais bien aussi sur l’aujourd’hui de la vie réellement vécue ! N’est-il pas frappant d’entendre saint Paul dire aux Colossiens, au présent : “Si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en-haut”  (Col 3, 1).

La priorité donc pour quiconque fait profession de disciple du Ressuscité, n’est pas à chercher ailleurs que dans l’urgence d’aimer ici-bas et d’imprimer à sa vie un vrai sceau évangélique. Si le programme énoncé par Paul peut nous paraître trop vague… Pourquoi ne pas le décliner avec les mots bien connus de la prière de saint François :

Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix. Là où est la haine, que je mette l’amour ; là où est l’offense, que je mette le pardon ; là où est la discorde, que je mette l’union ; là où est l’erreur, que je mette la vérité ; là où est le doute, que je mette la foi ; là où est le désespoir, que je mette l’espérance ; là où sont les ténèbres, que je mette la lumière ; là où est la tristesse, que je mette la joie ; Ô Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler, à être compris qu’à comprendre, à être aimé qu’à aimer. Car c’est en se donnant qu’on reçoit, c’est en s’oubliant qu’on se retrouve, c’est en pardonnant qu’on est pardonné, c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie.

Cette prière rejoint tellement de gens… même au-delà du cercle des croyants. En la relisant, je me disais que oui, tel est le chemin par lequel la lumière de la résurrection peut se frayer une voie dans nos vies ; peut se frayer une voie dans la vie du monde, dans la vie de tous les hommes.

 

Père Gilles-Hervé Masson, vicaire à Saint-Eustache