« Dieu dit Lumière / et lumière il y a / Dieu voit la lumière / comme c’est bon /Dieu sépare la lumière et le noir / Dieu appelle la lumière jour et nuit le noir / Soir et matin / un jour (Gn 1, 3-5, ) » Ce début du poème de la création exprime la foi des deux aveugles qui, dans l’évangile de Matthieu que nous lisons aujourd’hui, poursuivent Jésus, et la foi de Jésus lui-même qui sait que Dieu a remis sa création entre les mains des hommes, et donc de ces deux-là qu’il rencontre. Alors il leur répond : « Que tout se passe pour vous selon votre foi ! » et leurs yeux s’ouvrirent, (Mt 9, 27-31, texte du jour) ». Dans une guérison il y a bien sûr pour nous, surtout en ce temps de crise sanitaire, un aspect thérapeutique, merveilleux du temps de Jésus, accompli scientifiquement de nos jours. Pour ceux qui vivent cette guérison ce qui compte c’est surtout le nouveau sens que prend leur vie et pour Jésus que ces hommes prennent en main, à la force de leur foi, la vie du monde qui leur est confié. Mais on ne peut découper en tranches cet instant fait de souffrance et de joie, de silences et de cris, de ténèbres et de lumière, de confiance et d’amour. Cet instant on peut le raconter à la manière du poète Celan : Ne parle plus, regarde, ne regarde plus, va ! À la manière de Pascal : L’ombre incertaine donnée à la parole se mêle à la clarté. Jésus n’accomplit pas un soin, il fait une révélation qui passe par l’écoute et le regard, et par le vide pour que le nouveau vienne.

Jacques Mérienne