Il arrive souvent dans l’Évangile que les rôles semblent inversés. Celui qui est sensé donner la guérison en est le témoin, celui ou celle qui est sensé la recevoir se la donne à lui ou elle-même. C’est le cas dans la rencontre avec l’aveugle-né (Lc 18, 35-43 Lecture du jour). Ce n’est pas Jésus qui appelle un nouveau disciple, c’est l’aveugle qui appelle, et doit d’ailleurs insister jusqu’à être insupportable, et ce n’est Jésus qui guérit mais l’aveugle qui se guérit lui-même parce qu’il a la foi, comme Jésus le lui dit : « Retrouve la vue ! Ta foi t’a sauvé. » Jésus découvre, et le révèle à son interlocuteur, que son pouvoir divin se trouve en l’autre. Une découverte qui est surprenante, surtout pour celui ou celle qui en bénéficie ! « Il est difficile en effet de ne pas se contenter de dire je crois en Dieu mais de chercher dans sa propre vie au cœur de son être les signes qui avertissent que le mystère de Dieu réside en soi. Croire à Dieu en soi est difficile. Se reconnaître habitée du mystère de Dieu est un vertige. (in Bernard Feillet, L’arbre dans la mer)» . Mais ce vertige Jésus le dissipe avec son amour, il y a désormais entre lui et celui ou celle dont la foi personnelle a transformé l’existence et le destin un lien simple et incassable : l’amour. Oui croire à Dieu en soi est difficile, sans son propre amour pour nous, nous n’y arriverions sans doute pas, il faut que Dieu croie en nous.

Jacques Mérienne