Le doute est à l’intérieur de la foi

Le doute est à l’intérieur de la foi

Comment serait-il possible de s’engager dans la foi sans avoir la liberté humaine de tout questionner ?

Une vie spirituelle équilibrée inclut nécessairement le doute, parce que douter c’est penser, et penser c’est comprendre. L’homme libre ne donne pas sa vie à la légère, s’il la donne totalement, c’est qu’il est certain de ce qu’il pense, de ce qu’il confesse, ce pour quoi il est prêt à donner sa vie. Il nous faudrait relire tout le chapitre 10 du livre sur la Trinité de saint Augustin pour s’en convaincre.

Jésus ne s’est pas entouré de « béni-oui-oui », ni d’hommes parfaits. Il les a pris tels qu’ils étaient avec leurs rugosités, leurs élans d’amours, leurs fragilités. Et Il les a aimés. C’est là que nous pouvons comprendre que l’homme et le péché sont deux choses distinctes. Toutes les limites humaines, toutes nos limites, relèvent de notre condition humaine. C’est ainsi. Cela ne relève pas du péché.

Thomas appelé Didyme (le Jumeau) a été un des premiers que Jésus a choisis pour être de son entourage proche. Dans l’évangile de Jean nous retrouvons plusieurs interventions de Thomas et les traits de son caractère. Lorsque Jésus s’apprête à partir pour Béthanie au moment de la mort de Lazare, il y a danger et les disciples le lui rappellent : “Rabbi, tout récemment les Juifs cherchaient à te lapider.” Thomas dit alors aux autres disciples : “Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui.” Dans cette parole est préfiguré le martyre futur de celui qui, dès le début, a donné sa vie à Jésus.

Alors ne prenons pas trop vite Thomas pour un apôtre de seconde zone parce qu’il exprime ses doutes et veut comprendre.

C’est parce que le doute est à l’intérieur de la foi que notre foi n’est pas un « simple savoir ». Le théologien Jésuite Joseph Moingt le dit à sa façon : « le doute est partie intégrante de toute recherche de vérité et de toute relation humaine ; tantôt, on le laisse suivre son chemin, si troublant qu’il soit, car on sent qu’il conduit au vrai ; tantôt, on le bouscule et on l’écarte de sa route, car il empêche d’avancer ».

Thomas sera le premier des apôtres, devant le mystère des plaies du Christ ressuscité, qui confessera sa foi en Jésus en s’écriant : “Mon Seigneur et mon Dieu.”

Oui, par son amour de Jésus, par son humanité, par ses doutes, Thomas est bien notre jumeau.

 

Patrice CAVELIER, diacre de Paris.

 



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